Alors que la canicule s’abattait sur la France, de Paris jusqu’au Sud, quoi de mieux qu’un stop aux Rencontres de la Photographie, qui inauguraient la 48ème édition la semaine dernière sous une chaleur écrasante.
Cette année, notre séjour arlésien fût de courte durée, 48 heures seulement pour arpenter les cloîtres, églises, et autres ateliers parsemés aux quatre coins de la ville.
Bien trop court pour dresser un bilan exhaustif de cette nouvelle édition, mais bien assez pour en prendre plein les yeux, et retrouver avec émotion nos repères arlésiens.
Premier coup de coeur pour l’exposition « Latina », qui envahi gracieusement ce lieu adoré qu’est l’espace Van Gogh, à travers 350 images issues de la collection Poniatoswki. Trois niveaux d’images exposées dans le cadre de l’année France-Colombie.
Première déception pour Marie Bovo, qu’on a pourtant tant aimé lorsqu’elle regardait la Tunisie à travers la fenêtre, et qu’on retrouve ici, à l’Eglise des Trinitaires, dans une série assez glaçante où les trains deviennent son nouveau poste d’observation, pour photographier une Europe enneigée, marquée par l’ère communiste.
Véritable découverte avec l’exposition de la portraitiste américaine Alice Neel, mise à l’honneur par la Fondation Van Gogh.
Il est déjà l’heure de prendre la direction des Ateliers, chapeau format parasol vissé sur la tête. La tour de Frank Gehry continue de pousser… Relativement plus vite que les jardins aménagés en contrebas, l’année dernière par la Fondation Luma. Cette année ils ont choisi de fleurir les extérieurs autrement, en entreposant des maisons signées Jean Prouvé, rien que ça. Il s’agit en réalité d’une preview de la prochaine exposition qui sera inaugurée en octobre par la Fondation Luma.
Treize maisons de l’architecte seront entreposées dans les ateliers. On imagine déjà Benjamin Millepied y faire quelques entrechats.
Contraste évident pour servir une mise en abîme de l’histoire de l’architecture à ciel ouvert. Tandis que Prouvé dessinait pour les collectivités, Gehry réalise les rêves grandeur nature de collectionneurs privés.
Ici, la boucle est bouclée…
Après voir pénétré l’immensité de ces ateliers, on retiendra l’exposition Monsanto portée par Mathieu Asselin. On salue la présence d’un sujet aussi important dans une manifestation de cette ampleur. Concernant Annie Leibovitz, on a passé notre tour, préférant attendre Paris Photo pour découvrir ses clichés. Même chose pour Audrey Tautou et Kate Barry, pas sur que le public des Rencontres vienne chercher ce type de propositions à Arles…
Véritable émotion arlésienne lorsqu’on découvre les deux expositions immanquables de la Maison des Peintres :
– les Gorgains, une famille de roms installés à Arles, sublimement racontés et accrochés par Mathieu Pernot,
– qui font face à l’enquête de Christophe Rihet, intitulée « Road to Death » qui photographie pendant presque six ans, les routes et virages dans lesquels nos icônes ont perdu la vie, d’Helmut Newton à Grace Kelly.
C’est pour ça qu’on ne regrette jamais de venir passer quelques jours aux Rencontres. Mais aussi, pour retrouver d’année en année, des propositions curatoriales de qualité, comme celles toujours réussies de Simon Baker. Cette année, il nous propose la première rétrospective européenne du génie de la photographie japonaise, Masahisa Fukase.
Des expositions grâce auxquelles quelques talents passent les frontières encore fermées de la photographie.