30.11.2015

TOMEK & SAEIO,
le graff et la manière

HLM
20 Rue Saint-Antoine, 13002 Marseille

20.12.2015

Cette semaine HASHTAG ART invite un duo de jeunes marseillais, Emmanuelle Oddo et Nicolas Veidig, à nous livrer leur expérience commune lorsqu’ils se rendaient il y a quelques jours au vernissage d’une exposition dont ils parlent encore…

C’était samedi 21 novembre à Marseille. Au cœur d’un Panier balayé par le mistral, la Galerie Association d’idées inaugurait l’exposition « Honte » de Tomek et Saeio, réalisée sous le commissariat de Laura Morsch-Kihn. Deux esprits déliés appartenant au « PAL » crew, rattachés par la même volonté d’aborder autrement le graffiti, d’en déjouer les codes pour mieux le transcender. Résultat, « un genre de tag bien léché », qui s’introduit comme un dérivé de la culture urbaine au sein des institutions artistiques.

Un duo show mis en scène au QG de Marseille Expos : « Hors Les Murs », lieu d’exposition dont les initiales « HLM » retentissent comme un présage de l’échange qui va se jouer entre art urbain et art contemporain. Brut de bois et de ciment, l’espace dans lequel s’engouffre l’énergie du graffiti en tant que peinture sauvage, accueille un public hétérogène, entre habitués, collectionneurs avertis et jeunes lookés aux revers entachés de peinture.

Autour d’eux, comme jetées instinctivement dans l’espace, six toiles surdimensionnées s’imposent et se juxtaposent, comme autant de murs dressés.

Au centre de la salle, une lignée d’écrans aux allures de Minitel dévoilent le processus de création : chaque œuvre émane d’une contrainte à laquelle se sont confrontés les deux peintres pour graffer : « nous avons cherché à cristalliser les moments d’impasse et d’échec de notre pratique picturale liée à la nature contraignante de notre support – vivant – qu’est la ville ».

Le vent, la pluie, le temps, l’espace… À travers cette intention de recréer librement l’esprit du tag et de sa pratique transgressive, le geste prend le pas sur le résultat plastique, accouchant d’une esthétique abstraite et conceptuelle.

Au mur, une note succincte nous invite à « feuilleter », toucher, déplacer les toiles sans complexe, et finit de nous instruire sur cette démarche subversive, instaurant une réelle proximité entre les oeuvres et leur public.

Entre volonté de se donner un cadre en extérieur et de décloisonner l’espace en intérieur, « Honte » élève ainsi la pratique du graffiti avec justesse et humilité, allant jusqu’à l’inscrire dans une «nouvelle forme d’écriture contemporaine »

 

Merci Emmanuelle Oddo & Nicolas Veidig !