En juin dernier, nous prenions un café chez Préface Gallery, un espace parisien proposant une exposition assez surprenante. Effectivement, rien n’est accroché au mur, aucune vidéo, aucune installation ou autre indice qui pourrait nous renseigner sur l’exposition actuelle. C’est normal car la nouvelle exposition est un CAFÉ. Un espace de rencontres, d’échanges et surtout une autre manière d’aborder l’espace d’exposition. Ce lieu était tenu par deux artistes : Naïs Calmette et Rémi Dupeyrat qui pendant trois ans ont toujours re-questionné l’espace de leur galerie du 3eme arrondissement. Nous sommes donc dans un des rares Artist Run Space de Paris.
C’est dans cet endroit que nous découvrons The Walk : un agenda des lieux indépendants. Pas ceux de Paris malheureusement, mais ceux de Bruxelles.
Effectivement The Walk propose une liste et un agenda des lieux non-profit space ou indépendant space ou artist run space selon les intitulés. En soit ce n’est pas l’intitulé qui est le plus important mais la position de ces lieux tenus par des artistes et/ou des curators, qui n’ont pas comme comme vocation première de vendre mais plutôt d’expérimenter ou de laisser un maximum de place à l’oeuvre, à l’artiste.
Abilene est un espace qui a été ouvert en 2011 par cinq étudiants avec une énergie, une générosité et un sens du risque assez dingue. Régulièrement un artiste est invité à prendre possession du rez de chaussée, de la cave, des escaliers, du jardin…
Nous retenons plus particulièrement les performances de Alexis Ciccius qui transforme l’espace en banquise ou en volcan. Ou la passionnante et dérangeante projection/installation « The Lollipop Guild » de l’artiste Eléonore Joulin qui aborde de manière sociologique l’espace d’expression et « d’exposition » tout à fait actuel qu’est YouTube.
Nous passons également par De La Charge qui est un lieu étonnant par son espace mais aussi par le nombre d’expositions, performances, concerts. Dirigée, entre autre par Martin Belou, Margaux Schwarz et Baptiste Mano, cette structure propose également une scène de jeunes artistes comme Nancy Moreno qui nous avait séduit avec un discret travail multidisciplinaire. Dans un autre registre, l’installation et performance de Dieudonné Cartier qui questionnait la publication et son processus de fabrication. Dans l’espace arrière de De La Charge, nous pouvons trouver le collectif Sin ou encore le brillant trio Bankrupt Design.
Nous nous dirigeons ensuite vers Island, un espace tenu par les artistes Sebastien Bonin et Brice Guilbert.
Après trois ans passés dans un rez de chaussé commercial sans chichi au milieu d’un quartier populaire, Island occupe un nouvel espace dans un quartier bien plus chic. Grande vitrine, belle enseigne, mur blanc, long comptoir…Euh, mais ce ne seraient pas les codes du white cube tout ça ? « Peu importe », nous dit l’un des artistes, nous étions punk avec l’autre espace et nous le resterons avec celui-ci. L’important, c’est le parti pris et le postulat que l’on propose à chaque exposition. Pour cette première exposition nous découvrons une nouvelle série de photogrammes de Sebastien Bonin avec un accrochage simple mais très surprenant. Nous attendons avec impatience la prochaine exposition.
Evidement, nous passons par Komplot, les pionniers des artist run space de Bruxelles. Ce lieu propose depuis vingt ans des expositions, des résidences, des projets curatoriaux, des livres…et représente une très belle scène de jeunes artistes belges ou internationaux.
Mais pourquoi tout ces espaces existent-ils à Bruxelles ? Un des artistes, nous répond tout simplement que beaucoup d’artistes bruxellois vendent dans le monde entier mais ne sont pas représentés par leurs galeries locales. Pire ! Ces galeristes, n’auraient même pas la curiosité d’aller voir le travail des artistes dans leurs ateliers ! Les artistes ouvrent donc leurs propres lieux pour y exposer leurs oeuvres. Ok, donc à Bruxelles il y a une énergie incroyable, mais pas pour tout le monde.…ça aurait était trop beau !
Et ce qui n’ont pas non plus de place dans ces lieux ? Et bien, ils utilisent un autre espace d’exposition : Le livre ! Théophile’s Papers est une plateforme dédiée au livre d’artiste. Libraire, éditeur, organisateur d’évènements et créateur de mobilier pour le livre, Théophile Calot propose une approche du livre d’artiste complète en collaborant avec divers acteurs du livre comme le graphiste Alexis Jacob ou l’imprimeur Riso Nicolas Storck (Autobhan). Chaque livre édité par Théophile’s Papers est une nouvelle manière d’aborder le travail de l’artiste et aussi un espace d’exposition. Et à Paris il se passe quoi au niveau des artist run space ? Palette Terre ? 22rueMuller ? Vous connaissez ?
Les lieux à ne pas manquer à Bruxelles : La Loge, Rectangle, Apes&Castles, 105 Besme, Middelmarch, Rosa Brux, Hectoliter, Composite, Grey Light Project Abilene, De La Charge, Island, Théophile’s Papers…