12.12.2015

"(Idéale) Géographie"
sur une proposition de
Olivier Kosta-Théfaine.

GALERIE DEROUILLON
38, rue Notre-Dame-de-Nazareth
75003 Paris.

19.12.2015

Pour la plupart des galeries parisiennes, l’heure de la dernière exposition annuelle a sonné. Samedi soir nous sommes allés profiter du dernier accrochage de cette année 2015 à la Galerie Derouillon, rue Notre Dame de Nazareth. Comme c’est le cas dans de nombreuses galeries, ils ont décidé de clôturer la saison en beauté avec un group show.

Intitulé « (Idéale) Géographie », association qu’on interprète comme une sorte d’utopie cartographiée,  on décèle à travers les nombreuses silhouettes présentes lors du vernissage, un curating entre urbanisme et esthétisme.
Aux commandes de cet accrochage, le commissaire et artiste Olivier Kosta-Théfaine.
Il évoque avec nous cette notion d’ « (Idéale) Géographie », qu’il perçoit comme un label parallèle à son travail d’artiste. Il s’agit d’ailleurs de la deuxième édition d’ « (Idéale) Géographie », la première proposition ayant eu lieu l’été dernier à Niort, en Poitou-Charentes, au sein du belvédère du Moulin du Roc, où Olivier Kosta-Théfaine convoquait déjà une douzaine d’artistes sur ce même sujet.

On découvre ainsi dans cet espace immaculé du 3ème arrondissement, une dizaine de pièces, abstraites pour la plupart, qui semblent cohabiter naturellement. Elles sont signées Manor Grunewald, Nicholas Pilato, Simon Laureyns, Skki, Samuel François, Clément Pascal et bien sur Olivier Kosta-Théfaine, qui ne cache pas sa joie d’être « juge et partie » au sein de sa propre exposition.
On apprécie sa franchise et sa manière décomplexée et réaliste de nous parler de l’enjeu du commissariat pour un artiste. En créant ce label de l’ « (Idéale) Géographie », Olivier Kosta-Théfaine revendique notamment son statut d’artiste, et crée des occasions de réunir autour de son travail personnel, des artistes dont la réflexion l’intéresse particulièrement. Comme un prétexte assumé de réunir les pièces de ses amis et les siennes, dans une énergie de bande de copains.

Chez lui la notion de géographie est évidente, plus que chez les autres peut-être, tant il aime observer son propre environnement, ce qui l’entoure, son paysage. Comme une géographie personnelle. On l’imagine assez facilement évoluer sur les routes de nos régions, s’arrêtant régulièrement dans certains bleds qu’il a l’air de si bien connaitre, pour photographier avec son téléphone les détails que lui seul arrive à extraire de nos villes en béton.
Il se décrit lui-même comme un peintre de paysage, sans pour autant peindre au sens propre du terme, mais en observant assidûment les détails d’une ville,  afin de les emprunter pour qu’ils deviennent ensuite la base de son oeuvre.
Comme ce motif abstrait qu’il détecte sur l’enclôt d’une maison abandonnée en Touraine. Motif aujourd’hui récurrent dans son travail, qu’il exploite tour à tour en résine, en métal, ou qu’il vient découper sur des toiles en lin, ou sur des plaques de caoutchouc. Ou encore cet encadrement de fenêtre anti-intrusion qu’il photographie à Poznan en Pologne et qu’on retrouve aujourd’hui dans l’espace de la galerie,  érigé au rang de sculpture.

Chez les autres artistes, ses amis pour la plupart, il détecte des éléments de langage propre à  sa géographie idéalisée : le béton très présent chez Nicholas Pilato, le mobilier urbain qu’on retrouve dans ce tube en aluminium plié au rythme des accrochages de voitures que Simon Laureyns prélève sur ce rond point qu’il emprunte quotidiennement à Gand. Où encore l’interprétation des murs parisiens craquelés qu’on observe dans l’oeuvre de Skki intitulée « Territorial pissing ».

La proposition d’Olivier Kosta-Théfaine dépasse largement la simple réunion d’amis-artistes comme il aime le laisser entendre avec humour, et nous offre une véritable invitation à la contemplation urbaine.
Bonne nouvelle, l’artiste-commissaire cherche à poursuivre cette exposition itinérante dans différents espaces, une à deux fois par an.

En attendant, c’est à voir à la Galerie Derouillon jusqu’au 19 décembre.