04.07.2016

Les Rencontres de
la Photographie,
2016.

Arles

25.09.2016

Dans le monde de la photographie, il est de coutume de débuter l’été par un épisode marathonien et surchauffé aux Rencontres de la Photographie à Arles.

Cette année, alors que s’ouvrait la deuxième édition sous la houlette de Sam Stourdzé, la ville est en pleine mutation, sous l’impulsion de l’omniprésente collectionneuse suisse Maja Hoffmann. La tour de 50 mètres de Frank Gehry ne faisant que matérialiser à la verticale la puissance de cette collectionneuse amoureuse de la Camargue.

Alors que s’achevait il y a un peu plus d’un mois la semaine d’ouverture des Rencontres, que retient-on de cette 47ème édition ?
Précisons peut-être en préambule que la thématique annuelle des Rencontres d’Arles, n’est qu’un prétexte éditorial, et qu’elle ne rassemble en rien les différentes expos dispersées dans la ville. Cette édition se distingue d’ailleurs par son manque de cohérence et de correspondance entre les multiples propositions… Il fallait donc piocher !

Au sein de cette programmation surchargée et de plus en plus étalée dans la ville, on descelle toujours quelques pépites qui valent sérieusement le détour.

Commençons par le Parc des Ateliers qu’il ne fallait rater sous aucun prétexte. D’abord pour observer le relooking orchestré par la Fondation Luma : les anciens hangars de la SNCF ressemblent de plus en plus à des boutiques Prada, et on croise désormais des zones de repos aux faux airs de green de golf… On cherche le cartel autour de l’installation… Rien ! Ceci est bien une pelouse verdoyante installée au beau milieu d’un désert de graviers blanc où il fait 35 degrés à l’ombre début juillet.  L’écologie rencontrerait-elle moins de succès que Benjamin Millepied dans les diners mondains organisés dans les jardins des Alyscamps… ?

Coté expositions on retient évidemment « Systematically Open? » réalisée par la Fondation Luma. Probablement la proposition curatoriale la plus innovante des ces Rencontres. Les sublimes images de Collier Schorr et d’Anne Collier cohabitent avec les plombages dentaires signés Elad Lassry, faisant la part belle aux nouveaux modes de présentation du média photographique.

À quelques mètres de là, au Magasin Electrique,  on est charmé par la jungle monumentale de caissons lumineux accueillant les images de Yann Gross. La ligne Maginot est sublimée par Alexandre Guirkinger, à travers des tirages spectaculaires qui flirtent avec le Land-Art. On rit beaucoup face à l’irresistible hommage rendu à Hara-Kiri, mis en scène par les commissaires Thomas Mailaender et Mark Bruckert.

Avant de quitter les ateliers pour le centre, on s’amuse devant la collection impressionnante d’images retraçant l’histoire du travestissement, réunies par le collectionneur Sébastien Lifshitz. C’est une réelle constante à Arles, les expositions de collections particulières sont toujours très réussies.

À quelques pas de la place de la République, véritable coup de coeur pour les photomontages improbables de Maud Sulter présentés à la Chapelle de la Charité. On est saisi par la beauté de la série réalisée à Palmyre par le grand photographe de guerre Don McCullin, présentée par Simon Baker et Shoair Mavlian à l’Eglise Sainte-Anne. Les Fresson de Plossu sonnent comme des peintures du Grand Ouest.

Il est vite l’heure du passage obligatoire à Arles, l’inévitable verre de rosé sans sulfite à déguster à l’Ouvre Boîte. Oh ! Mais quelle surprise de découvrir à deux pas de là, un écrin flambant neuf dédié à OffPrint ! Nouveau signe de l’omniprésence de Maja Offmann qui s’est offert cette année la coolitude d’une jeune structure dédiée aux pratiques indépendantes de l’édition… La mécène occupe décidemment de plus en plus le terrain.

Le marathon se poursuit à l’espace Van Gogh, où l’on se désaltère devant la liberté qui émane des  sublimes images de Sid Grossman réalisées à Coney Island. On admire la précision accordée à la présentation et à l’accrochage des oeuvres de Eamon Doyle présentées à l’étage.

Alors que Luma opère une mutation fulgurante à Arles, et que les Rencontres semblent bénéficier de l’ambition de la fondation, un point noir semble pourtant être encore au coeur des discussions des organisateurs : quelle place accorde-t-on au livre et à l’édition dans un festival de photographie de renommée internationale ? La réponse semble évidente et pourtant, elle n’est malheureusement toujours pas à la hauteur cette année… L’énième déménagement du Cosmos Books, au collège du Mistral cette année,  signe officiellement la mauvaise gestion de la place accordée aux éditeurs de livres.

La 47ème édition des Rencontres de la Photographie s’achèvera le 25 septembre, mais de nombreuses expos fermeront leurs portes dès le 28 aout, alors dépêchez-vous !