11.11.2016

SKIN MEMORIES
Thomas Mailaender
aux Tanneries Roux

LVMH Métiers d'Art
Romans-sur-Isère

En 2015,  LVMH inaugurait sa première résidence d’artiste, à Romans-sur-Isère, dans l’une des tanneries acquises en 2012 par le groupe, Les Tanneries Roux.

Avec la création de cette résidence, LVMH Métiers d’Arts lie l’utile à l’agréable. Accueillir et soutenir un artiste, tout en conservant les procédés industriels qu’il saura mettre au point le temps de son séjour à la tannerie.

Dirigée par Léa Chauvel-Lévy, journaliste et critique d’art, cette première édition été inaugurée par l’artiste français Thomas Mailaender (né en 1979), qui s’est rendu régulièrement à Romans de janvier à juin 2016. Durant cinq mois, l’artiste a développé différents principes d’impression d’images sur cuir, procédés que l’entreprise ne va tarder à utiliser. Lorsqu’il débarque pour la première fois à la Tannerie, l’artiste avoue sa totale méconnaissance du cuir, qu’il fantasmait d’une couleur brune avant que les artisans LVMH lui apprennent que le cuir était en réalité transparent.
C’est surement dans cet aveu que réside l’aspect le plus pertinent de cette résidence d’artiste. L’idée n’était pas de « caster » dans le paysage de l’art contemporain, l’artiste dont le rapport au cuir était déjà omniprésent dans son corpus. Il s’agit plutôt de parachuter un artiste pour la qualité de l’ensemble de son travail et lui offrir un nouveau terrain de jeu.
Thomas Mailaender consacre alors les premiers mois de sa résidence, à l’apprentissage du cuir et des techniques de tannage. Alors que la photographie est au coeur de son travail, l’artiste fait renaitre des procédés ancestraux d’impressions photographiques, comme le Van Dyke ou le cyanotype, grâce notamment à l’aide des chimistes de la tannerie. L’un de ses procédés sera d’ailleurs réutilisé par LVMH, dans l’une de ses usines de Singapour. Le président de LVMH Métiers d’Art, ne cache pas sa fierté en évoquant cette innovation, fruit de la résidence.
Quand les procédés élaborés par Thomas Mailaender sont ensuite validés par les artisans après quelques mois de résidence, l’artiste s’attend alors à explorer les archives de l’usine pour sélectionner des images. Il apprend pourtant que l’usine ayant été incendiée à deux reprises, il ne reste rien des archives de la maison. L’artiste fait un véritable atout de cette absence de mémoire, et fantasme alors les archives de cette usine. Pour cela, il utilise le vocabulaire qu’on lui connait, entre absurde et second degré, matérialisé par des images qu’il glane aux puces comme sur e-bay, sur cartes postales ou coupures de presse.
À une semaine de l’ouverture de Paris Photo, nous découvrions, à Romans-sur-Isère, le résultat de ces cinq mois de résidence. Trente-deux oeuvres sur cuir d’animaux en tous genres, crocodiles,  taurillons, chèvres ou encore python royal, malmenés par Thomas Mailaender. Des bagnoles, des ballons de foot, des paires de fesses, des fleurs, des kangourous, des dinosaures, des sirènes : voila de quoi sont remplies les archives personnelles de Thomas Mailaender.
Une rencontre au sommet entre l’empire du luxe à la française, et l’enfant terrible de l’art contemporain.
On espère voir ses oeuvres très prochainement hors de la résidence, et pourquoi pas à Paris Photo ? Y est d’ailleurs exposée en ce moment sa série de coups de soleil sur peau blanche, « The Illustrated People », à voir sur le stand de sa galerie londonienne Roman Road.
Qui vous disait que l’artiste n’avait à son actif aucune experience plastique avec les peaux avant son arrivée à la résidence…?