17.06.2015

SUMMER
Alex Israel

Almine Rech Gallery
64, rue de Turenne
75003 Paris

25.07.2015

L’artiste Alex Israel est actuellement exposé au sein de l’espace parisien de la galeriste Almine Rech, avec SUMMER, présentée jusqu’au 25 Juillet 2015. Il s’agit de la seconde exposition personnelle de l’artiste chez Almine Rech, après Thirty en 2012.

Alex Israel a 33 ans, il vit et travaille à Los Angeles et quitte rarement ses lunettes de soleil. Sa série TV préférée s’appelle The Hills, et son livre de chevet Less Than Zero, de Bret Easton Ellis.

Son travail est indissociable de la ville de Los Angeles. Il a d’ailleurs été l’assistant de Jason Rhoades dont les thèmes de prédilection sont aussi très liés à la Californie du Sud : le culte de la célébrité ou encore la culture hollywoodienne.

Alex Israel est notamment connu pour son utilisation systématique de « props », accessoires parfois kitsch loués aux sociétés qui fournissent les décors de cinéma, qu’il transforme en sorte de ready-made duchampien, en les plaçant ainsi sur des socles blancs, devant ses fameux ciels mi-fond d’écran mi-coucher de soleil,  au sein de ses installations présentées en galeries.

Il a aussi accordé à peu près le même traitement en 2012 à des stars californiennes, des « Angelenos » de second plan, comme Rachel Zoé, Melanie Griffith, Marylin Manson ou encore  Rosanna Arquette, qu’il questionne à travers une série d’interviews vidéos intitulée « As it Lays », faisant référence au roman de Joan Didion « Play It As It Lays », de 1970.

Des vidéos warholiennes mises en scène dans un décor très reconnaissable, dans lesquelles il pose des questions banales dans un ordre aléatoire à ces stars : « Still or Sparkling ? », « Are you a member of any Museum ? » « Do you Skype ? », « Do you believe in Reincarnation ? »…On repense évidemment au film Somewhere de Sofia Coppola, où Stephen Dorff ère dans Los Angeles.

Dans ce solo-show parisien, on retrouve le vocabulaire si emblématique de l’artiste : ses fameux Sky Backdrop, les auto-portraits ou encore les Lens.

Lorsqu’on rentre dans la première grande pièce de l’exposition, on observe trois sculptures intitulées Lens :  jaune, orange et violette. Des verres de lunettes, ôtés des visages des starlettes californiennes, agrandis, puis installés au sein de cette White Cube. Ces verres de lunettes de soleil sont bien sûr un clin d’oeil au way of life de la côte ouest des Etats Unis,  aux lunettes Freeway Eyewear, marque fondée par l’artiste, mais aussi à l’art californien de la génération précédente comme James Turrell ou d’autres. « Pour moi, les lunettes de soleil sont LE symbole de la Californie du Sud : ce sont des objets qui changent notre manière de voir les choses, ce qui est une manière intéressante d’envisager l’art. »

La deuxième pièce de la galerie s’ouvre sur un display emblématique du travail de l’artiste, intitulé Sky Backdrop Painting. Il est composé d’une grande peinture représentant un ciel californien rose orangé, réalisé encore une fois dans les studios de la Warner Bros, devant lequel est installée sur un piédestal immaculé une sculpture représentant une Corvette Chevrolet garée près d’un cactus emprunté à une société d’accessoires de cinéma, un « prop », finalement reproduit par l’artiste en une édition de bronze peint.

Comme  l’explique Eric Troncy au sujet de SUMMER les expositions d’Alex Israel sont pensées comme de véritables événements, tels de puissants dispositifs publicitaires, « pour produire des situations assez naturellement offertes à toutes formes de consommation ». En effet Alex Israel fait partie des artistes parfaitement conscient de leur temps, du système et du pouvoir de l’image.  Ce type de display est une invitation à l’appropriation du spectateur, à la réalisation d’image parfaite, et partageable instantanément sur Instagram. Pas besoin de filtre ni de retouche, Alex Israel s’en est déjà chargé.

L’exposition se termine sur deux auto-portraits qui se font face. Une forme très présente chez l’artiste, qu’il érige même en logo lors de la réalisation des vidéos « As It Lays », et qu’il remet à jour très régulièrement, en les remplissant de couleurs et d’images empruntées à la palette californienne.

En quittant l’espace d’exposition on s’interroge sur la présence de présentoirs remplis de lunettes de soleil de la marque de l’artiste, Freeway Eyewear, en vente dans la galerie pour une centaine d’euros pièce…