27.11.2014

m(ART)keting

Par Margaux Barthélemy

Des choses étranges se passent dans le monde de l’art contemporain ces dernières semaines.

La dernière exposition d’Yvon Lambert rue vieille du temple, ou bien la tristesse de dire au revoir à ce lieu si respecté qu’on a tant aimé.
L’annulation de la FIAC Los Angeles 2015 reportée discrètement en 2016 comme si de rien n’était.
Jeff Koons sacralisé au Centre Pompidou, qui partage carrément la tête d’affiche avec Marcel Duchamp, s’affichant sur nos écrans télé papotant torchons et ready-made avec Antoine De Caunes sur le plateau du Grand Journal.
Frank Gehry et Cindy Sherman qui dessinent des sacs pour Louis Vuitton, Xavier Veilhan qui peint des fresques pour les 30 ans de Canal Plus, des photographes de magazines de mode mis à l’honneur chez certaines galeries de Belleville.
Recevoir un mail publicitaire d’H&M annonçant sa future collaboration avec Jeff Koons pour un sac Balloon Dogs à 39, 99 euros.
La Chocolate Factory de Paul McCarthy à la Monnaie de Paris qui, bizarrement, intéresse beaucoup moins les français que son installation Tree Place Vendôme…
Ou encore Zahia qu’on a croisé à plusieurs reprises dans les allées de la FIAC et de Paris Photo.

Alors qu’est-ce qu’on fait nous ? Qu’est-ce qu’on propose à nos artistes ?
Faut-il les accompagner dans la gueule du grand méchant loup ? Doit-on les pousser à signer des contrats mirobolants avec des grandes marques de prêt-à-porter ?
Faut-il intégrer dans le contrat de l’artiste l’obligation de faire de la promotion ? Booker des plateaux télé la veille de son vernissage chez Perrotin ? Payer un coach qui le rendra bilingue en moins de 3 semaines pour aller faire sa promo sur les plateaux des Late Show américains ?
Plus sérieusement, l’art devient-il un produit de luxe ?

Tout ceci parait surréaliste et pourtant, à la veille d’ Art Basel – Miami Beach on se dit qu’on n’a encore rien vu.

En attendant on continue à ouvrir grands nos yeux devant les chefs-d’oeuvres de demain qu’on croise dans de nombreuses foires et galeries, heureusement.
Et surtout, on admire encore plus les « résistants » comme Antoine de Galbert et particulièrement son exposition Le Mur où le collectionneur nous faisait découvrir l’été dernier 1200 pièces de sa collection accrochées selon un algorithme,  sans cartel ni hiérarchie, bien au-delà de la tyrannie du marché et du name dropping.