05.09.2017

Retour sur Art-O-Rama

Marseille

Juste avant de s’engager sur le chemin de la reprise, il était temps de faire escale dans le Sud et plus précisément à Marseille pour découvrir la 11ème édition de la foire Art-O-Rama. Un rendez-vous désormais immanquable, à cheval entre la fin des vacances et la rentrée, où il fait bon de reprendre contact avec le monde de l’art contemporain, loin des codes trop mondains des foires parisiennes.
D’année en année, Art-O-Rama s’épanouit, tout en conservant son format intimiste, et sa volonté d’affirmer sa part conceptuelle.

Sa programmation satellite ne cesse de se démultiplier à travers la ville, avec des initiatives hors les murs riches en propositions, portées par Marseille Expos, mais pas que. On salue la naissance de nombreux projets indépendants, menés par des outsiders qui gravitent autour de la foire.

Hashtag Art vous dresse un bilan non exhaustif de ce week-end ensoleillé, mais trop surchargé pour se baigner.

Le white cube prend des couleurs à Marseille 

Véritable fil conducteur de cette édition 2017, on remarque que Marseille a décidé de ringardiser le concept du white cube. À Belsunce notamment, la curatrice parisienne Marie Madec nous propose une exposition souterraine dans un local abandonné de la rue des Pénitents Bleus. La jeune garde y est exposée sur des murs en crépis et des sols carrelés.

À deux pas de là, le nouveau pôle artistique de la ville envahit la rue du Chevalier Roze, entre la rue de la République et le Vieux Port. Ici, on a décidé de laisser parler les murs défraichis et d’accrocher les oeuvres directement sur le béton et la peinture craquelée.
Enorme coup de coeur pour le sublime espace occupé par le groupe de collectionneurs marseillais baptisé Lumière, qui présentait un solo show de l’artiste mexicain Martin Soto Climent, proposé par le curator Chris Sharp. Cet espace fait face à la nouvelle adresse de la galerie parisienne Crèvecoeur, qui s’installe donc au coeur de la cité phocéenne. Un pari audacieux qu’on a hâte de voir évoluer…

Dans les quartiers Sud, le jeune et prometteur Alexandre Benjamin Navet a pris comme toile les murs d’un immeuble délabré de la rue Paradis. Invité par la jeune galerie Double V et la commissaire d’exposition Emmanuelle Oddo, ce protégé de la Villa Noailles a recouvert les murs d’une fresque Coctesque aux pastels gras colorés, comme un hommage à la Villa Santo Sospir dont l’artiste a tatoué les murs à Saint-Jean Cap Ferrat, l’été 1950.

Paréiodolie continue de faire son chemin 

Depuis quatre ans, le dessin fait aussi sa foire chez Paréidolie, parallèlement à Art-O-Rama. On retrouve cette année quatorze exposants au Château de Servières. Une micro foire où l’on préfère préserver la qualité, plutôt que de céder au remplissage des stands.
On remarque la présence de l’artiste dans le vent Massinissa Selmani chez la toute jeune galerie parisienne Anne-Sarah Bénichou. On retrouve avec plaisir la galerie suisse Laurence Bernard, qui présentait de sublimes graphites de Caroline Corbasson. Ou encore des pépites chez Eva Meyer : des dessins historiques de Wesselmann, qui cohabitent avec la série colorée de la jeune artiste Victoire Barbot.
On salue le très bel accrochage de l’artiste invité Anne-Valérie Gasc.
Paréidolie génère également une programmation hors les murs d’envergure avec cette année, les deux expositions de l’artiste américain Mark Dion, présenté simultanément au FRAC PACA et au Muséum d’Histoire Naturelle au Palais Longchamp.

Marseille, nouvel eldorado pour les jeunes artistes 

Forte de ses résidences d’artistes mises en place par Triangle ou Astérides, et de son réseau des Ecoles du Sud, Marseille bénéficie d’un rapport privilégié avec les jeunes artistes. Cette année, même le commissaire Gaël Charbau est invité à s’en mêler.
Parallèlement au Prix Révélation Emerige, à la Fondation Hermès ou encore aux Audi Talents –  au sein desquels il chapeaute les relations avec la jeune création – le commissaire dont les parisiens connaissent déjà trop bien le nom, vient révéler le talent des diplômés des écoles d’art de la Région PACA.
Au quatrième étage de la Friche de la Belle de Mai, il a ainsi invité puis sélectionné une vingtaine de jeunes artistes autour du beau projet « Inventeurs d’Aventures ». Mais ça ne s’arrête pas là, puisque G. Charbau est aussi le commissaire invité du show-room de la foire Art-O-Rama, dans lequel il propose cette fois le travail de quatre jeunes artistes, dont la très remarquée Alice Guittard.
La Gaël Charbau Mania sévirait-elle jusqu’en province ? C’est tout le mal qu’on lui souhaite.

Sur le plateau supérieur, au 5ème étage de la Tour Panorama, la jeune création est encore à l’honneur avec l’exposition dédiée au Prix des Ateliers de la Ville de Marseille. Onze artiste de moins de 35 ans y présentent leurs travaux. On y retrouve les très prometteurs Amandine Guruceaga, Ugo Schiavi ou encore Marc Etienne, Lauréat 2017 qui s’apprête donc à recevoir 5000 euros et l’opportunité de présenter une œuvre au sein des musées de la ville de Marseille en 2018.

Cette année à Marseille, même les architectes font la part belle aux jeunes artistes, avec l’exposition orchestrée par Roland et Isabelle Carta, consacrant un solo show à la fraichement diplômée de l’école supérieure d’art d’Aix-en-Provence, Amandine Simonnet.

Ne nous le cachons pas, Art-O-Rama c’est aussi l’occasion pour ce petit monde de l’art contemporain de libérer la cagole qui sommeille en eux. Les cheveux des journalistes frisent au contact de la Méditerranée, les peaux des collectionneurs et galeristes dorent entre deux expositions, les vernissages s’arrosent au pastis et aux pizza aux anchois, tandis que les foires se clôturent autour d’une pétanque. Vous faites quoi l’été prochain ?